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vendredi 31 août 2012

Des automobilistes grognent, la police ne bronche pas : Bouclez-la !

Bouclez-la ! La police colle à tour de bras des contraventions pour « non-port de la ceinture de sécurité ». A Pétion-Ville, cela irrite. Et des automobilistes ne la bouclent pas, ils crient à la discrimination. Pire, au harcèlement. « Ce n’est pas possible, on a l’impression que tous les policiers du Service de la circulation, en faction à Pétion-Ville, n’ont qu’une mission : donner des contraventions », fulmine Jean Joseph, un entrepreneur dans la trentaine. « Ils ne conseillent pas, mais verbalisent, pénalisent », ajoute-t-il, irrité aussi par ce qu’il appelle un « harcèlement à but lucratif ». Sur la fiche de contravention, il n’y a pas d'article sur le port de la ceinture, proteste Jean. En fin de compte, ce sont les affaires à Pétion-Ville que l’on pénalise. Car, outre le remorquage systématique des véhicules, la police place désormais des sabots pour immobiliser des véhicules mal stationnés, déplore-t-il, sarcastique pourtant en évoquant l’anarchie tolérée sur la voie publique dans le reste du pays, où des véhicules de transport en commun parquent des gens comme du bétail. Cela n’attire pas l’attention du Service de la circulation. Mais cette dernière est d’une grande bienveillance à l’égard des automobilistes de Pétion-Ville que l’on prend pour des « gran nèg », ironise Francis, 36 ans, qui souligne en revanche n’être pas opposé aux normes et aux règles clairement signalées sur la voie publique. « Non, il n’y a ni discrimination ni harcèlement contre les automobilistes à Pétion-Ville. C’est dans cette commune que l’opération pour le port de la ceinture de sécurité a commencé. C’est pour cela que des gens peuvent avoir cette impression. Mais nos policiers font ce même travail à Delmas, à Carrefour, à Croix-des-Bouquets, à Port-au-Prince et dans d’autres communes de la zone métropolitaine », répond le commissaire divisionnaire Will Dimanche, responsable de la DCPR. Cette mesure n’est pas encore appliquée à l’échelle nationale uniquement à cause d’un problème d’effectif, ajoute-t-il, confirmant que l’article 42 de la loi du 4 avril 1986 régit les contraventions au Code de la route. « Cet article oblige le port de la ceinture de sécurité et du casque pour les motocyclistes », soutient Will Dimanche, qui rejette fermement une quelconque motivation financière dans les opérations de la DCPR. « La police gagne quand la circulation est fluide, quand il y a moins d’accidents de la route », déclare Will Dimanche. « L’automobiliste qui s’est mal garé paie 2 500 gourdes pour que le sabot soit enlevé. La DGI, pour le compte de l’Etat haïtien, perçoit 1 000 gourdes de ce montant et 15 % de TCA sur les 1 500 reviennent à la compagnie privée effectuant ces opérations, indique-t-il. Pour les remorquages, 4 000 gourdes sont exigées. Sur ce montant, l’Etat ne perçoit rien. Cependant, une partie est versée au crédit de la DCPR car celle-ci effectue des opérations, notamment de libération de la voie publique des carcasses de véhicules », explique Will Dimanche. Convaincu que ces mesures difficiles à accepter visent à garantir la sûreté et la sécurité des usagers de la voie publique, Will Dimanche affiche de la satisfaction face à la réduction du nombre d’accidents sur les routes nationales. « Les postes de radars sur les nationales numéro 1, 2 et 3 ont dissuadé les camionneurs de faire des excès de vitesse », indique le commissaire divisionnaire. En général, les gens sont réticents au changement. Cependant, on doit accepter qu’Haïti est un pays. Il y a des règles et des normes à respecter », argumente Will Dimanche, ajoutant que tout le monde porte la ceinture de sécurité à l’étranger sans rouspéter. « C’est, comme son nom l’indique, une ceinture de sécurité. Si elle n’était pas nécessaire, les constructeurs d'automobiles ne l’auraient pas mise dans chaque véhicule », souligne Will Dimanche. C’est pour votre sécurité. Bouclez-la !», confirme-t-il, décidé à continuer sur sa lancée, malgré la grogne des uns et des autres… Roberson Alphonse roberson_alphonse@yahoo.fr http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=108580

Et si enfin le «décollage» (take-off) devenait réalité ?

La volonté présidentielle d’accès généralisé au crédit est louable; en effet, vouloir du crédit pour tous part d’un bon sentiment. Seulement, même dans un Etat de bien-être (le «welfare state», le banquier n’est tenté de jeter de l’argent par la fenêtre. D’abord, l’argent au chaud dans son coffre-fort n’est pas le sien, il appartient au déposant. Ensuite, le réflexe de rétention est automatique chez le banquier. Aucun employé de banque n’assiste de gaieté de cœur aux retraits massifs de la clientèle. La raison tient en ce que, à un rythme ininterrompu, à une cadence soutenue, les désirs de retrait massif finissent par déstabiliser le système. La confiance réciproque Pour enrayer une panique des déposants, rien de mieux que la diligence de la Banque centrale à inonder de numéraire la banque menacée. Dès lors que celle-ci prouve sa capacité à répondre aux demandes multiples des épargnants, le calme revient. Les files se défont devant les guichets. En somme, la confiance est revenue. Et même la banque commerciale place la confiance à son plus haut exposant en traitant avec un client potentiel. Et sur quelle base accorde-t-elle un prêt ? Réponse : En fonction de la solvabilité de l’éventuel emprunteur. Comment est-on solvable ? On l’est par sa capacité à honorer son obligation, en un mot à rembourser le prêteur aux termes convenus. Le statut d’entrepreneur pour emprunter Quels sont les opérateurs (économiques) aptes à gagner la confiance du banquier (du prêteur) ? Grosso modo, ce sont les entrepreneurs. Dans quelle que soit l’activité entreprise, on est digne d’intérêt aux yeux du banquier. Toute l’habileté consiste à obtenir le premier financement. Et quand on paie rubis sur ongle (bref quand on est réglo) et avec les habitudes de contracter affaire, la confiance est acquise. L’entrepreneur commercial, l’entrepreneur petit ou moyen, l’entrepreneur agricole, l’entrepreneur industriel, tous présentent de l’intérêt pour le banquier. Les demandes de financement doivent être justifiées. Et même, dépendamment de l’importance du projet – agricole, hôtelier ou industriel –, le banquier réclame une étude préalable. C’est dire que le crédit, c’est du sérieux. Le banquier ne l’accorde qu’avec l’intuition (l’intime conviction) de bien miser l’avoir des déposants. Comme quoi il fait une bonne affaire en ajoutant à son livre des clients un nouvel emprunteur. Ecarté le critère du crédit à la consommation Pour les besoins de la démonstration, il n’est point nécessaire d’évoquer le crédit à la consommation dont le bénéficiaire est jugé sur son revenu, c’est-à-dire son pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat de son salaire ou de ses rentes est le critère qui est retenu par le banquier en cas de sollicitation d’un financement pour l’équipement de la maison ou du ménage. The bargaining power En dehors de ces cas de figure, il est illusoire d’espérer voir le banquier se débarrasser des avoirs à lui confiés. Le défi majeur à relever par le gouvernement est de mettre du pouvoir d’achat entre les mains de la population, comme nous ne cessons de le répéter. Comment ? En incitant les investisseurs à placer leurs mises dans tous les secteurs productifs. Seulement voilà, les investissements agricoles ne sont pas valorisés, je veux dire appréciés à leur juste valeur. Pourtant, l’agriculture absorbe des bras. Ces jours-ci, on observe un regain d’intérêt dans l’infrastructure hôtelière. Encourageant. Seulement, l’Ecole hôtelière d’Haïti réclame de l’aide pour couvrir le territoire afin d’assurer la formation des jeunes, désireux d’œuvrer dans le secteur. Je retiens ces deux secteurs d’activité parce que l’industrialisation exige un effort colossal que nous sommes incapables pour le moment de déployer. Illustration : Supposons la soudaine éclosion de l’industrie pharmaceutique, où trouver les chimistes en nombre suffisant ? Déjà, pour les brasseries existantes, leur nombre est restreint. Et ce type de formation s’installe dans la durée. L’exemple sud-coréen On n’en finirait pas d’identifier les conditions pour sortir du chômage massif, de relever les freins dans le désir légitime du mieux-être de la population, mais on entrevoit déjà la difficulté de transformer le rêve du crédit généralisé en réalité. Je crois plutôt que les élites (économiques et socioprofessionnelles) ont du pain sur la planche. Que faut-il faire pour vaincre leurs réticences ? Et si le gouvernement se dotait d’un véritable plan de développement comme l'a fait le général Park Thung-Hee en Corée du Sud ? En trois grands bonds, en trois décennies (1950-1960, 1960-1970 et 1970-1980), l’économie sud-coréenne est passée de l’arriération à l’industrialisation. Il y eut à la base la volonté d’un homme, d’un militaire, autrement dit sa vision. L’exemple sud-coréen est dans tous les esprits. Jean-Claude Boyer Jc2boyere@yahoo.com http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=108068

La révolution mains propres-caisses pleines

Le gouvernement Martelly-Lamothe est sur pied de guerre. Contre les contrebandiers et les mauvais contribuables. C’est au pas de charge, avec la loi comme boussole, que le Comité interinstitutionnel de lutte contre la contrebande, la fraude fiscale, le blanchiment des avoirs et la corruption mène ses opérations. Les résultats sont tangibles. Les millions enflent les caisses du Trésor public depuis le lancement des actions. Des tonnes de marchandises sont saisies. Des fonctionnaires indélicats sont aux arrêts. Des listes de contribuables en contravention sont rendues publiques. D’autres mesures sont attendues. Dans le train des sanctions, le numéro 1 de la Direction générale des impôts laisse fuiter l’information qu’une liste de soixante retardataires récalcitrants a été dressée. Les désignés seront interdits de quitter le pays dans les jours qui viennent. C’est comme un "lagè-avèti-pa-tiye-kokobe" ou un venez-mettre-vos-devoirs-au-propre. La DGI avertit avant de sévir. Cette annonce est un tournant dans la lutte contre les mauvais contribuables. La détermination de l’administration est sans faille. Selon ce qui se dit, le président de la République a donné toute latitude à son Premier ministre pour conduire cette mission mains propres, caisses pleines. Laurent Lamothe s’y adonne sans réserve. Chaque jour, il réclame plus de résultats à ses hommes sur le terrain. Le président Martelly le dit à la blague très sérieusement : il n’interviendra pas pour alléger le courroux de la loi contre ceux qui ne versent pas à César ce qui est dû à César. Dans les mois qui viennent, les recettes vont s’envoler, les prix aussi, craignent certains qui se disent que la détente fiscale bénéficiait à tout le monde. Sauf au Trésor public. Consommer moins cher ou construire l’Etat de nos rêves est un dilemme. Plus de moyens pour plus de projets, aucun contribuable ne peut s’y opposer ouvertement. Souhaiter vivre dans un autre pays commence par des taxes acquittées. Martelly et Lamothe vont cependant devoir donner plus que ce qu’ils récolteront dans un pays qui adore recevoir sans contrepartie. Faire payer ce qui revient à l’Etat, faire payer de plus en plus de contribuables, faire de chaque citoyen un assujetti à l’impôt, c’est une révolution qui est en cours. Nul ne peut prédire ce qu’il en adviendra. Frantz Duval http://www.lenouvelliste.com/article4.php?newsid=108543

Haïti-Politique : Un Cep, à quel prix ?

Un tour de force prévisible… P-au-P, 31 août 2012 [AlterPresse] --- Un nouveau tour de force s’annonce ce 31 août 2012, avec la perspective pour l’assemblée nationale de choisir, sur des bases irrégulières, des représentants du corps législatif devant siéger à un organisme électoral dit permanent, relève l’agence en ligne AlterPresse. Encore une fois, les politiciens de tout poil avanceront des manœuvres, arguments et arguties, pour justifier le viol de la Constitution du 29 mars 1987, qui avait banni la participation des trois pouvoirs formels (exécutif, législatif et judiciaire) dans la constitution de l’organisme devant conduire les processus électoraux. Ils entendent désigner, de manière provisoire, 3 noms devant siéger à l’organisme électoral qu’ils qualifient de “permanent”, sans tenir compte des contestations déjà soulevées dans un processus initié à bout de bras par l’appareil politique en place. Avec l’appui d’un regroupement politique dénommé “Inite” (unité), une version dite amendée de la Constitution de 1987 a été reproduite en juin 2012 (plus d’une année après un vote d’amendement suspect, réalisé à la va-vite et sans aucun débat sérieux avec les couches vives nationales) par l’administration politique de Joseph Michel Martelly, avec des modifications de taille, sautant d’un revers de main des verrous placés par les constituants de 1987. Un grand risque demeure pour des élections avec un organisme électoral “présidentiel”, puisque les 6 membres déclarés investis comme “conseillers permanents” sont soupçonnés de “soumission” au régime actuel. Ainsi, les résultats des futures compétitions électorales seront-elles connues à l’avance, craignent des dirigeants politiques. Non seulement, le processus ayant conduit aux amendements de la Constitution de 1987 est vicié, mais encore et surtout tout ce qui s’en est suivi tend à hypothéquer l’avenir d’Haïti avec la possibilité pour un régime politique d’asseoir une mainmise totale sur l’ensemble des institutions fondamentales. 15 mois après l’investiture d’un ancien chanteur à la présidence en Haïti, Martelly semble jouir de pleins pouvoirs, avec la complicité d’un parlement asservi ayant tendance à marcher dans ses vues non démocratiques. Depuis le début de l’année 2012, est mis en branle un processus de renvoi d’administrations communales élues au profit d’entités appelées “agents exécutifs intérimaires”, en guise de parade pour la non tenue, à la fin de 2011, d’élections pour le renouvellement d’un tiers du sénat et des 140 conseils municipaux. Certains “agents exécutifs intérimaires” sont des repris de justice, dénoncent des parlementaires. Désormais, les assemblées territoriales sont écartées dans le débat démocratique (pas de représentation au conseil des ministres, ni aucune participation dans la formation de l’organisme électoral) au profit d’un dirigisme et d’une politique autocratique, dessinés par une propagande de mauvais aloi mettant toutes les actions administratives sous le compte de la présidence. De quel organisme électoral s’agit-il ? Campant sur sa position, Michel Martelly souhaite que ces élections soient organisées avec “son” conseil électoral permanent (Cep), contesté (bien avant sa constitution) par des personnalités de la scène politique, notamment des parlementaires. La version, dite “reproduite” par l’administration Martelly/Lamothe de la Constitution , voudrait que “ce” conseil électoral permanent soit formé avec 9 membres, avec 3 membres représentant respectivement les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif. Les assemblées territoriales, prévues par la Constitution de 1987 et qui n’avaient jamais été formées durant les vingt-cinq dernières années (de 1987 à 2012), par les régimes qui se sont succédé, semblent apparemment écartées… La manière, dont les 3 représentants du pouvoir judiciaire ont été désignés, reste très controversée. Le choix de ces derniers a été fait en l’absence de plus de la moitié des membres du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), composé essentiellement de 9 personnes. Des représentants de partis politiques, des membres d’organisations de défenses des droits de la personne et d’organisations sociales, soutiennent que le Cspj travaille pour le compte de Michel Martelly. Deux membres du Cspj, qui rejettent le tour de force du président du Cspj (Anel Alexis Joseph) dans le choix des “représentants’ du judiciaire, ont démissionné. Le mouvement de rejet du processus électoral en cours n’aurait pas encore ralenti le zèle du président-chanteur, Michel Martelly, d’avancer “contre vents et marées” dans l’organisation d’élections déjà qualifiées de “truquées, malhonnêtes et non transparentes” par de nombreuses voix. Martelly presse les parlementaires de monter dans le train en marche … « L’Exécutif attend encore les trois représentants du parlement, afin d’atteindre le nombre de neuf conseillers électoraux, que doit contenir l’institution électorale… », indique la présidence dans une déclaration rendue publique le jeudi 30 août 2012. « Le président de la république, toujours ouvert au dialogue (…) », lit on dans cette même note du bureau de communication de la présidence. Une apparence d’ouverture politique, qui n’apportera aucune vraie modification, ni dans la composition de l’actuel organisme, ni dans le processus amorcé contre l’avis des partis politiques, car la détermination présidentielle est d’ « aller dans le droit chemin, en ce qui a trait au conseil électoral permanent ». Ou encore un conseil électoral « présidentiel », selon le qualificatif attribué par des sénateurs et des députés à cette institution, mise sur pied par Martelly. Pour un conseil électoral de consensus Les président et vice-président de l’assemblée nationale, respectivement Dieuseul Simon Desras et Lévaillant Louis Jeune, ont convoqué les parlementaires à une assemblée nationale pour ce vendredi 31 août 2012. À l’ordre du jour : le lancement du processus pour la désignation des trois (3) représentants du parlement au Cep. Une assemblée, « importante » pour le député Vickens Dérilus, qui en voit une occasion de bien prendre connaissance de la position d’un groupe de 40 députés contestatatires du conseil électoral instauré par Martelly. « Nous maintenons notre position : un conseil électoral de consensus », soutiennent les sénateurs Jean Charles Moïse et Wetsner Polycarpe. Une vision, partagée par les 40 députés signalés. Tous optent pour une organisation électorale de circonstance, qui n’aura qu’à organiser les prochaines élections. « Je serai présent dans l’enceinte, mais je ne participerai pas à cette assemblée », reste, ferme, le sénateur Polycarpe « Je n’y serai pas. Martelly doit reculer », insiste Jean Charles Moïse. Organiser les élections avec ce conseil, établi par Michel Martelly, ne permettra pas de tenir des scrutins honnêtes, crédibles et réalisés dans la communion de toutes les parties en présence dans la vie sociopolitique haïtienne, soulignent Moïse et Polycarpe, qui refusent de sacrifier les acquis démocratiques. Pour envoyer des représentants dans ce conseil, il faut 2 tiers de chacune des deux chambres , soit 66 députés et 20 sénateurs. Or, dans le contexte actuel, le sénat n’a que 20 membres, qui ne seront pas, tous, présents à l’assemblée nationale convoquée pour le 31 août 2012. Ce qui risque d’aboutir au « constat de l’impossibilité matérielle », de désigner ces personnalités, selon le député Dérilus. Ainsi, la situation reste t-elle tendue. “Il ne sera pas possible d’attendre, sans fin, le parlement, qui n’arrive pas encore à statuer sur la situation”, estime, dans ses sorties médiatiques, le porte parole de la présidence, Lucien Jura. Une impatience, qui s’oppose visiblement à l’attente nationale - qui a marqué la première année de gestion de Martelly - quant à la promulgation ou non de la version amendée de la Constitution de 1987. Une démarche, entreprise par Martelly au mois de juin 2012, plus d’une année après son investiture le 14 mai 2011, en autorisant une version amendée de la Constitution de 1987 que l’actuelle administration qualifie de “reproduction”. [srh rc apr 31/8/2012 1:18] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13341

Après la tempête tropicale, Haïti redoute le choléra

LE MONDE | 27.08.2012 à 17h13 Par Jean-Michel Caroit (Saint-Domingue, correspondant) Au moins 10 morts et plus de 20 000 personnes évacuées : le bilan s'est alourdi sur l'île d'Hispaniola, que se partagent Haïti et la République dominicaine, vingt-quatre heures après le passage de la tempête tropicale Isaac. Après avoir balayé les provinces orientales de Cuba sans faire de victimes, Isaac a atteint le sud de la Floride, dimanche 26 août, contraignant le parti républicain à reporter de vingt-quatre heures l'ouverture de sa convention. Face aux risques d'inondations et de glissements de terrain, les autorités dominicaines et haïtiennes ont maintenu l'état d'alerte. Selon Joseph Edgard Célestin, responsable de la protection civile haïtienne, quatre des huit victimes enregistrées en Haïti sont des fillettes victimes de chutes d'arbres, d'éboulements ou emportées par des rivières en crue. Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnés Juan Manuel Mendez, directeur du centre des opérations d'urgence en République dominicaine, a confirmé la mort de deux hommes, dont l'ancien maire de Villa Altagracia, au nord de la capitale, noyé en tentant de traverser une rivière. PLUIES TORRENTIELLES ET VIOLENTES BOURRASQUES Des centaines d'habitations ont été détruites dans les deux pays, notamment dans la région touristique de Jacmel, au sud d'Haïti. Précaire en temps normal, le service électrique a été sévèrement affecté. Plus de 400 000 foyers étaient toujours privés de courant dimanche soir en République dominicaine. Des routes ont été coupées par des coulées de boue et des ponts détruits, isolant 90 localités dans ce pays. La situation était plus dramatique en Haïti, où près de 400 000 rescapés du tremblement de terre de janvier 2010 - qui a fait plus de 250 000 morts - sont toujours entassés dans des camps. Selon la Mission des Nations unies en Haïti (Minustah), "de nombreuses tentes et bâches ont été emportées" par les vents d'Isaac qui ont dépassé 100 km/h. Cité Soleil, le plus vaste bidonville de la capitale haïtienne, a été inondée par la crue de la rivière Grise. Peu avant l'arrivée de la tempête, les autorités ont tenté d'évacuer plusieurs camps. De nombreux réfugiés ont refusé de partir, craignant que leurs maigres possessions ne soient pillées ou que l'évacuation ne se transforme en éviction définitive. Les pluies torrentielles et les violentes bourrasques d'Isaac ont provoqué d'importants dégâts dans l'agriculture. Les pertes de récolte et de bétail pourraient accélérer la hausse des prix des produits alimentaires enregistrée ces dernières semaines. Les inondations risquent aussi de provoquer une résurgence de l'épidémie de choléra qui a fait plus de 7 500 morts depuis octobre 2010, selon plusieurs ONG présentes en Haïti. "Les prochaines semaines seront cruciales pour empêcher la propagation du choléra", souligne Jane Cocking, directrice de l'aide humanitaire de l'ONG britannique Oxfam. "DYSFONCTIONNEMENT DE LA SURVEILLANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE" Le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires s'est récemment inquiété de l'insuffisance des capacités d'accueil pour faire face à une recrudescence de l'épidémie, soulignant que "le pays ne dispose que de 468 lits, alors que 2 500 lits étaient disponibles lors du pic de juin 2011". Médecins sans frontières a aussi mis en garde contre le manque de moyens et "le dysfonctionnement du système de surveillance épidémiologique". Il y a un mois, le coordonnateur humanitaire des Nations unies en Haïti, Nigel Fisher, ne cachait pas sa déception face au manque d'empressement des bailleurs de fonds. Seuls 47 millions de dollars (37,6 millions d'euros) avaient été collectés fin juillet, sur les 231 millions sollicités en début d'année par les Nations unies pour faire face aux besoins humanitaires les plus urgents. "Les fragiles progrès pourraient être menacés sans l'apport continu des bailleurs", soulignait M. Fisher. Le président haïtien, Michel Martelly, qui a annulé un voyage au Japon à l'approche de la tempête, a critiqué la lenteur de l'aide internationale. Il a demandé une accélération des décaissements, notamment pour reloger les nombreux sinistrés qui vivent encore sous des tentes. Dimanche soir, Isaac se dirigeait vers la Louisiane, l'Alabama et le Mississippi, où l'état d'urgence a été décrété. http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/08/27/apres-la-tempete-tropicale-haiti-redoute-le-cholera_1751819_3244.html

Isaac rouvre les plaies d'Haïti

Rédaction, Romain De Oliveira | 30/08/2012
L'ouragan Isaac a frappé les Haïtiens qui vivent toujours dans des tentes. Aucune victime n'a été enregistrée aux États-Unis après le passage de l'ouragan Isaac le 30 août 2012. Ce n'est pas le cas en Haïti. L'île qui ne s'est pas encore relevée des ravages du séisme en janvier 2010 déplore des victimes. Depuis que l'ouragan a frappé l'île, les 24 et 25 août 2012, “on comptabilise 24 personnes décédées, 42 blessés et un peu plus de 6000 familles qui ont besoin d'un abris”, indique Georges Ngwa Anuongong, responsable de la communication du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), basé en Haïti. Un bilan sévère, mais moins grave qu’on aurait pu l'imaginer, compte tenu du nombres d'Haïtiens encore sans logement: “Plus de 300.000 personnes vivent encore sous des tentes”, explique Gaspard Dorélien, journaliste pour le quotidien haïtien Le Nouvelliste. À Port-au-Prince, la capitale, beaucoup d’Haïtiens ont été “déplacés dans des bâtiments publics ou des aires de jeu. Il y a eu une grande mobilisation avant la tempête et beaucoup de personnes ont pu être mises en lieu sûr.” Pour Vanessa Huguenin, chargée d’informations au sein de l’Ocha à Genève, le pire a été évité grâce à l’anticipation de l'ouragan. Des stocks de nourriture ont été prévus quelques jours avant l’arrivée de la tempête. “J’ai moi-même vu des photos où l’on constate la distribution de nourriture”, confirme Gaspard Dorélien. Le plus dur est à venir Un rapport de l’Ocha révèle que selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), “il y aurait des pertes très importantes de récoltes de banane, sur des producteurs déjà affectés par les effets de la sécheresse des campagnes d’hiver et de printemps 2012.” Pis encore, "un pic de choléra a été enregistré, explique Georges Ngwa Anuongong, alors que l'on constatait une baisse importante depuis début 2012. Il faut donc que nous restions très vigilents.” > Pour comprendre les enjeux de la reconstruction en Haïti, vous pouvez lire ou relire notre dossier spécial. Crédit photo: MINUSTAH/Victoria Hazou http://www.youphil.com/fr/article/05629-isaac-rouvre-les-plaies-d-haiti?ypcli=ano

Haïti-Budget national : L’investissement, parent pauvre des dépenses ministérielles ?

P-au-P, 31 août 2012 [AlterPresse] --- Environ 20% seulement du budget d’investissement de l’exercice fiscal 2011-2012 a été dépensé, selon ce qui a été révélé lors de l’audition, le mercredi 22 août 2012, de trois ministres devant la commission économie et finances du sénat de la république, a observe l’agence en ligne AlterPresse. Certains ministères ont dépensé jusqu’à 70% de leur budget de fonctionnement au 30 juin 2012. Par contre, les dépenses d’investissement n’ont pas été effectivement engagées. Cette 3e audition qui s’est déroulée en présence d’une dizaine de sénateurs, concernait le ministre de la culture, Mario Dupuy, la ministre des affaires sociales, Josépha Gauthier, et la ministre à la condition féminine, Yannick Mézile. La ministre Mézile, qualifiée de doublure de la femme du président, Sophia Saint Rémy Martelly, par les sénateurs lors de la séance d’audition, a été très critiquée. Sur les 86 millions de gourdes (Us $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00gourdes aujourd’hui), affectées à son ministère, seulement 15% ont été dépensées, relèvent les sénateurs. La raison se situe dans le fait que le ministère a encore 7 projets non exécutés, a toutefois répondu Mézile, pour se défendre. Pour sa part, le ministre de la culture, Mario Dupuy, s’est plaint de l’ « insuffisance » de l’enveloppe de son ministère, en dépit d’une très nette augmentation. L’investissement du ministère de la culture, à partir du secteur public, a subi une baisse de 65 millions de gourdes lors de l’exercice antérieur. Pour l’exercice fiscal de l’année 2012-2013, le ministère de la culture - bien qu’il ait été détaché de la communication - dispose d’une enveloppe de 159 millions de gourdes. Moins de deux semaines, depuis son arrivée au ministère des affaires sociales, Josépha Gauthier est intervenue à l’audition pour déplorer des irrégularités dans les traitements salariaux, octroyés aux fonctionnaires de certaines institutions attachées au ministère. Gauthier a particulièrement pointé l’office national d’assurance vieillesse (Ona), dont le directeur général, Bernard Dégraff, percevrait un salaire supérieur à celui de son ministère de tutelle. Ceci doit être corrigé dans le plus bref délai, indiquent les sénateurs, sans aller dans les détails. « L’objet fondamental de l’audition [du 22 août 2012] , c’est de mettre l’emphase sur l’aspect investissement de ce budget, car 89 milliards seront proposés pour les dépenses d’investissement, avec 40 milliards de l’assistance internationale et environ 40 milliards des ressources internes », à en croire le président de la commission économie et finances du sénat, Jocelerme Privert. De fait, cette commission, qui est à la recherche d’une articulation entre les différents ministères, souhaite aussi s’informer de la capacité de ces ministères à s’acquitter de leurs redevances envers la population haïtienne, indique Privert. Les auditions au sénat sur le projet de loi finances 2012-2013 se sont poursuivies le mardi 27 août 2012 avec d’autres titulaires de ministères. La loi, qui a été revue à la hausse par les députés, etait en discussion, pour un vote final, au sénat, dans l’après-midi du jeudi 30 août 2012. [jep kft rc apr 31/08/2012 1:20] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13288

Haïti – Institutions : Monsieur Justice en Haïti, Anel Alexis Joseph, alimente la polémique

P-au-P, le 31 août 2012 [AlterPresse] --- Anel Alexis Joseph, qui circulerait désormais dans un véhicule blindé, est sous le feu des projecteurs et des critiques depuis quelques semaines, relève l’agence en ligne AlterPresse. Tour d’horizon. Le double président, de la cour de cassation et du conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj), véritable Monsieur Justice en Haïti, se voit principalement reprocher son accointance avec la présidence de Joseph Michel Martelly, dont il est d’ailleurs le parrain. En qualité de président de la cour de cassation, Anel Alexis Joseph avait nommé, dans des conditions jugées irrégulières, les 3 membres appelés à siéger au conseil électoral permanent, en charge notamment de la surveillance des élections : Yves Benoit Jean-Marie, Patrick Métellus, Salnave Exantus. Suite à cette décision unilatérale, deux membres dudit conseil avaient présenté leur démission, provoquant un gel des institutions. Dans le bras de fer qui l’opposait avec le législatif, qui se refusait à nommer les trois membres manquants, Martelly a décidé de légaliser, au lieu de neuf, un Cep à six membres, dont l’un, Josué Pierre-Louis, a du démissionner comme ministre de la justice après l’arrestation arbitraire et illégale du député Arnel Belizaire en octobre 2011, avant d’avoir été recyclé au palais national. De facto, une fracture nouvelle apparaissait dans l’équilibre et la séparation des trois pouvoirs : justice et exécutif d’un côté, législatif de l’autre. A cela, s’ajoute la bataille engagée, ces derniers jours, par le sénateur du Nord, Jean Charles Moïse. Celui-ci entend entacher d’illégalité la nomination d’Anel Alexis Joseph à la présidence de la cour de cassation, se fondant sur l’article 51 de la loi de 2007 portant statut de la magistrature, qui fixe à 65 ans la limite d’âge pour qu’un juge voie son nom porter sur une liste pour fin de nomination. Anel Alexis Joseph est âgé aujourd’hui de 72 ans. L’issue de cette croisade pourrait provoquer une série de réactions en chaîne, qui fragiliserait à nouveau le régime. Si sa destitution était décidée, il est possible que les nominations, prises en qualité de président de la cour de cassation, soient également attaquées. Ceci renverrait ainsi le Cep à la case départ avec trois (3) membres, perçus comme trop proches de Martelly, et six (6) membres manquants, dans un contexte de forte suspicion des pouvoirs législatif et judiciaire. Un Cep inexistant. Le ton monte à l’encontre de Maître Anel Alexis Joseph et le pouvoir marche sur des œufs. Décidément, il existe toujours une attaque personnelle, dont la gravité, à écouter ceux qui la déclenchent, légitime le blocage des institutions. Le problème de fond, étant de pourvoir distinguer les guéguerres d’influences à la véritable passion pour la légalité démocratique. [jp kft rc apr 31/08/2012 0:35] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13294

Haïti/ tempête Isaac: le sud-est sujet à des épidémies.

Le secteur agricole est le plus touché par la tempête tropicale Isaac, 86% des plantations sont détruites dans le sud-est selon les institutions officiellement autorisées à informer la Protection civile. La destruction de ces plantations engendrera à coup sûr une famine dans quelques mois encore : ‘’ Il est urgent pour le gouvernement en place de se préparer à faire face à une famine dans le pays. Une politique devrait être mise en place pour supporter la population a ce moment la’’ souligne l’agronome-nutritionniste Odile Thamar rencontrée par Bonzouti.com.
La famine est à craindre cependant le plus grand danger est cette possibilité d’avoir des épidémies de choléra de diarrhée, de malaria et de typhoïde. La plupart des organisations humanitaires œuvrant sur le terrain sont d’accord là-dessus le pays est sujet à de graves épidémies. Dans le sud-est la majorité des points d’eau utilisés habituellement par la population pour s’approvisionner sont contaminés par de la matière fécale. ‘’J’ai constaté de mes yeux au bas de la ville de Jacmel toutes les latrines sont débordées et l’eau des inondations entraine toutes les matières fécales et d’autres détritus dans les puits, les sources, les bassins de la zone...’’ a témoigné un étranger membre d’une institution humanitaire. C’est le même constat à Cayes-Jacmel, à Marigot, à Belle-Anse bref dans tout le sud-est. Une vaste campagne de fumigation et d’assainissement s’impose actuellement dans tout le département du sud-est et selon le docteur Jean Louis Marie Françoise l’état haïtien, la Croix Rouge haïtienne, devront renforcer leur campagne de sensibilisation contre le choléra. ‘’C’est une réalité nous sommes à la veille d’une épidémie de cholera et de malaria, et je pense que le gouvernement Lamothe ferait mieux d’ouvrir tous les centres de sante du pays et encourager les mères de vacciner leurs enfants, par ce qu’ils seront les premières victimes. Toutes les ravines, sont remplies de flaques d’eau stagnantes, les sources sont polluées... ’’ a expliqué le docteur Jean Louis. Notons qu’actuellement la croix rouge haïtienne et ses partenaires comme la Croix-Rouge canadienne, espagnole et néerlandaise distribuent des kits d’hygiène dans les zones les plus touchées par Isaac. Source:Bonzouti.com Tags:epidemies cholera isaac tempete haiti ________________________________________ http://bonzouti.com/actualite/actualite-No1482-Haiti-tempete-Isaac-le-sud-est-sujet-a-des-epidemies-.html

Haïti - Santé : Des soins gratuits pour les grands brûlés de Port au Prince

En attendant la fin de l’urgence… jeudi 30 août 2012 L’hôpital Médecins sans frontières (Msf) à Drouillard, périphérie désœuvrée de Port-au-Prince au nord de la capitale, est le seul établissement gratuit, spécialisé dans le soin des grands brûlés en Haïti. L’hôpital illustre le problème de fond de la prise en charge médicale en Haïti. Les organisations non gouvernementales (Ong), qui l’assurent majoritairement, ne souhaitent pas et n’ont pas vocation à se substituer au système de santé national. Seulement, le privé reste trop cher, et le public trop rachitique. La précarité alimente, pour sa part, un nombre élevé de demandeurs de soins. Spécialistes de l’urgence, les Ong médicales voient donc leurs installations s’inscrire inévitablement dans la durée. Reportage Jérémie Postel P-au-P, 30 août 2012 [AlterPresse] --- Par une route caillouteuse, écrasée de chaleur, l’agence en ligne AlterPresse s’est rendue sur place pour visiter ce nouveau phare du paysage médical national. Nous nous rendons sur l’ancien site de la laiterie Laina, Route Lysius. Petit tour à Drouillard… A l’entrée, une fouille sommaire s’assure que les visiteurs ne sont pas armés. Les autocollants « Kalachnikovs interdites », estampillés sur les 4x4 et les fenêtres, donnent le ton : les armes à feu, même dans un objectif de défense, font des trous dans les gens. Bienvenue chez les Médecins sans frontières (Msf). Mis à part la verdure frappante et les hauts murs d’enceinte, le « Terrain » n’a rien d’un camp de vacances. S’offre, à nos yeux, une zone de la surface d’un gros terrain de football où l’on s’affaire. Sur l’aile gauche, les différents bâtiments, constructions de bois légèrement surélevées à l’allure solide, sont bien agencés. On lit, aux différentes portes : « Administration », « RT », « Bureau Médical ». Des bosseurs passent en vous serrant la main, un pantalon bleu d’infirmier par ici, une glacière de laboratoire par-là. Un responsable, en conversation échauffée au téléphone. Un jeune Haïtien, venu chercher un certificat de collaboration. « C’est bon pour mon curriculum vitae (CV) », nous sourit-il. Au centre, l’artère de pierres et de terre battue. Les camions blancs, frappés du sceau rouge MSF, sont rangés en bataille. Quelques arbres. C’est l’accès des ambulances, la cour des allées et venues, la colonne vertébrale de la base. Nous sommes rejoints par Richard Accidat et Mathieu Fortoul, les « Communication Officers », qui nous mènent où les camions blancs conduisent leurs patients : l’entrée des urgences, au bout de l’aile droite. Nous progressons le long du couloir qui dessert urgences, laboratoires et services spécialisés. Puis, le bâtiment principal bifurque. Nous pénétrons dans une zone en rénovation, scrupuleusement bâchée, plus silencieuse tout à coup. Entre le bâti en dur et un sas de stérilisation. Ici, tout annonce une aile médicale plus spécifique, un environnement sous contrôle. Plane une odeur d’éthanol et de plastiques neufs. « Lavez-vous les mains ici, ensuite vous enfilerez ceci ». On nous fournit des combinaisons stériles, « pour prévenir des infections, qui sont très fréquentes pour les cas de brûlures ». La peau est une protection naturelle contre les microbes : brûlé au troisième ou quatrième degré, l’organisme est en effet extrêmement vulnérable à tous types de contaminations. « Pardon, s’il vous plait ! ». Nous sommes dans le passage, plus ou moins à cloche pied, pour enfiler nos chaussons hygiéniques. Derrière nous, un lit d’hôpital, flanqué de deux infirmiers, est apparu pour entrer dans le service. Allongé, un enfant de cinq ou six ans, brûlé sur une bonne partie du tibia, nous regarde visiblement un peu sonné. Ils pénètrent la tente high-tech, unité gonflable géante de fabrication italienne, conçue pour créer un environnement climatisé et hygiénique dans l’urgence. Une tente à 18,000 euros )Us $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui). La prise en charge Quand un blessé est pris en charge, il passe d’abord au « tri », nous explique-t-on. On y remplit un dossier, qui informe rapidement le service compétent sur l’état du patient. Ensuite, les urgences. On n’y chôme pas. La quasi-totalité des lits est occupée. Le service gère, de front, toutes sortes de blessures. L’hôpital compte également différents blocs, services ou unités spécialisés : chirurgie viscérale, victimes d’agressions sexuelles, greffes de peau, orthopédie, choléra… La capacité d’accueil est de 160 lits, hors service des grands brûlés, qui en compte une trentaine supplémentaire, pour un total d’environ 190 places. En cas d’urgence, ce nombre peut être augmenté, nous explique-t-on. Miss Tristan, que l’équipe traite comme le cœur et l’âme du service, nous accueille en compagnie du Dr Philippe Brouard, chirurgien. « La semaine dernière, nous avions 36 patients. Nous pouvons faire de la place si nécessaire », déclare le dcoteur Brouard. L’hôpital chapiteau est composé de trois pièces. La première, pour les adultes, compte plus d’une dizaine de lits. La suivante, celle des enfants, est plus peuplée. « Environ 60% des accidents concernent les enfants, dans un cadre domestique », nous confie le chirurgien. Les jeunes mères, acceptées à leur chevet, partagent, dans une solidarité silencieuse, souffrances et dignité. Elles n’ont pas le droit de passer, de lit en lit, pour discuter, pour éviter des phénomènes de contagion, d’un patient à l’autre. Plusieurs d’entre elles semblent écrasées de sentiments de culpabilité ou d’impuissance. Dans la dernière pièce, deux patients sont en soins intensifs. Sous un voile blanc, suspendu au-dessus de son lit, un homme brûlé à 80% ne peut qu’attendre dans une souffrance indicible. Depuis sa création, 400 patients ainsi ont ainsi été admis gratuitement dans ce service. Le changement des pansements représente 35% des actes opératoires de l’hôpital. Outre les chirurgiens, médecins, infirmier(e)s et aide-soignant(e)s, kinés et psychologues jouent un rôle indispensable, aux côtés des grands brûlés. Les premiers accompagnent la cicatrisation pour s’assurer que ne surviennent pas des séquelles handicapantes. Les seconds accompagnent les patients dans leurs épreuves et dialoguent avec les proches. Chez les jeunes mères tout particulièrement, le sentiment de responsabilité peut être lourd à porter. Les greffes sont fréquentes, pour près d’un quart des patients. Une peau saine, prélevée sur le blessé sur une zone « esthétiquement acceptable », est traitée en laboratoire, nettoyée, étirée, puis appliquée sur la blessure. Les résultats sont observés dans les cinq jours et sont très majoritairement probants, surtout chez les plus jeunes. Certains, malgré les explications de l’équipe médicale, refusent cependant cette opération, débouchant sur des situations critiques. « Le consentement du patient est indispensable. Une greffe ne se pratique jamais dans une urgence telle que l’on ne puisse pas se passer de son consentement », précise le docteur Philippe Brouard. Où est passée la sensibilisation ? Les Médecins sans frontières n’ont pas de programme de prévention des brûlures dans les quartiers, par la sensibilisation aux comportements à risques, par exemple. Ils préfèrent concentrer leurs moyens sur la prise en charge médicale. Le meilleur moyen de faire de la prévention, « c’est de faire en sorte que chaque patient, quittant nos services, puisse sensibiliser ses proches », poursuit Brouard. Solide et étendu, le lien familial a un gros rôle à jouer. Le bouche à oreille et le récit du vécu sont bien plus efficaces que prospectus et affiches. Ce qui sonne aussi comme une grande confiance dans l’avenir. En sortant du service, nous tombons sur une aire de vie, aménagée pour les familles. Admises, de façon très limitée, au chevet de leurs proches, elles peuvent, néanmoins, rester dans l’enceinte de l’hôpital sous certaines conditions. Des allures de petit parc, peuplé de gens qui partagent un secret. Précarité et accidents L’hôpital des grands brûlés de Drouillard est installé dans un contexte, où les comportements à risques, à l’origine des blessures, sont d’autant plus nombreux que le cadre de vie est précaire. Dans la grande agglomération de Port-au-Prince (près de deux millions et demi d’habitants), 400,000 personnes vivraient encore sous la tente... En famille, et dans de petits espaces, à l’abri de bâches inflammables. Les enfants sont les plus touchés : les dangers de la cuisine (eau de cuisson, huile de friture, charbon, gaz) sont une menace permanente pour leur énergie désœuvrée. Chez les adultes, les blessures sont souvent professionnelles : électrocutions (notamment occasionnées lors de piratage des lignes à haute tension), brûlures chimiques, liées à la manipulation de produits toxiques, ou au gaz, résultats de bonbonnes ou de becs défectueux. Cette urgence qui n’en finit pas Les autorités haïtiennes ne manquent pas de dossiers « prévention » à traiter : menace du choléra, des maladies sexuellement transmissibles, sensibilisation à l’hygiène alimentaire et corporelle, aux comportements à adopter face aux catastrophes naturelles… Les exemples sont légion. Elles n’ont donc pas encore inscrit la prévention des brûlures dans leurs priorités. Quant aux cliniques privées, le prix des soins pour ce type de blessures (et les admissions en général) les rend inaccessibles au plus grand nombre. « Nous acceptons tous les blessés : ceux qui se présentent spontanément, mais également ceux qui sont transférés depuis d’autres structures médicales, haïtiennes notamment », martèle l’équipe Msf. Drouillard est devenue la référence. « Msf, en tant qu’Ong d’aide médicale d’urgence, n’a pas vocation à se substituer au système de santé haïtien. Nous apportons, ici, une connaissance et une expérience aux personnels haïtiens qui travaillent avec nous. Et notre service, même s’il est généralement plein à 100%, n’est pas, non plus, complètement overbooké. D’ailleurs, des lits étaient encore dispos durant votre visite », souligne Mathieu Fortoul, interrogé sur un éventuel projet d’accroissement des capacités d’accueil du service. « Nous essayons, au maximum, de répondre, de manière pertinente et équilibrée, aux besoins médicaux de la population haïtienne, sans, pour autant, déséquilibrer le système de santé national », ajoute Fortoul. Un système de santé, qui brûle sur le feu de l’urgence. [jp kft rc apr 30/08/2012 1:15] http://www.alterpresse.org/spip.php?article13293