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mercredi 14 septembre 2011

Trois Haïtiens triomphent aux Trophées des Arts afro-caribéens

Haïti: Le théâtre du Châtelet à Paris accueillait lundi soir la cérémonie des Trophées des arts afro-caribéens qui récompensent chaque année depuis 2007, les artistes d'Outre-mer et de l'Afrique francophone.
Les écrivains haïtiens Lyonel Trouillot, Louis-Philippe Dalembert et Marvin Victor ont été couronnés parmi les artistes et personnalités de la diaspora noire francophone, par les Trophées des arts afro-caribéens 2011 pour respectivement leur essai « Haïti, une traversée littéraire » et « Corps mêlés », a-t-on appris lors d'une cérémonie présidée par l'acteur américain Danny Glover, à qui le Trophée d'honneur a été attribué. Le réalisateur Arnold Antonin a lui aussi été récompensé par les Trophées des arts afro-caribéens pour son long-métrage fiction, « Les amours d'un zombi ».
L'ouvrage propose un voyage à travers la riche littérature haïtienne, telle qu'elle s'est créée, se crée et se diffuse de nos jours. Un CD audio, constitué d'archives sonores, complète cette traversée littéraire.
« Corps mêlés » de Marvin Victor est un monologue violent et chaotique : celui d'Ursula, une femme désespérée, qui parcourt les rues d'Haïti peuplée de fantômes après le séisme de 2010.
À 45 ans, Ursula est devenue une ombre, qui boit trop pour continuer à raconter, comme si les mots pouvaient stopper le chaos.
Ce roman ressemble à un long poème tragique, soutenu par une écriture échevelée où Marvin Victor fait cohabiter le passé et le présent, la beauté d'un pays et la puanteur d'une ville brisée. Préférant la fiction, il n'a pas voulu attaquer frontalement le séisme de janvier 2010, osant la métaphore incarnée par cette femme perdue, sonnée, brisée, mais debout.
Dans la catégorie cinéma, le film de fiction d'Arnold Antonin, « Les Amours d'un Zombi », qui raconte de façon humoristique, la trajectoire politique d'un zombi dans la prise du pouvoir de son pays, et « Notre étrangère » ont été récompensés, ainsi que le documentaire « Ithemba l'espoir».
La cérémonie de remise des Trophées afro-caribéens a aussi distingué Soprano, rappeur français d'origine comorienne ( meilleur clip et meilleur artiste ) et Dominique Coco, chanteur de "créole blues" a remporté l'album de l'année.
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97083&PubDate=2011-09-13

Kettly Mars, lauréate du prix Prince Claus 2011

Haïti: Kettly Mars, poétesse, romancière, nouvelliste est l'un des 11 lauréats du Prix Prince Claus. Elle a été primée pour l'ensemble de son oeuvre « pour avoir mis l'universalité de la condition humaine au centre de son travail, partagé les riches complexités des réalités de son pays par son écriture, son traitement osé de sujets non conventionnels et pour avoir donné une nouvelle impulsion importante à la littérature haïtienne», a déclaré le jury. Le prix Prince Claus, qui est doté de 25 000 euros, récompense chaque année des artistes qui travaillent dans des contextes difficiles et qui par leur création et la force de leur message sont un modèle pour les sociétés dans lesquelles ils vivent, et pour le monde entier aussi.
Kettly Mars était au courant pour le prix depuis deux mois. La directrice de la fondation Prince Claus pour la culture et le développement l'a appelée au téléphone pour lui dire qu'elle était sélectionnée pour être parmi les 11 lauréats 2011. Mais elle devait garder la plus grande discrétion sur l'information jusqu'a l'annonce officielle. Généralement, les candidats au prix Prince Claus sont proposés par des comités internationaux, et l'une des règles du prix est de ne pas révéler aux lauréats la ou les personnes qui les ont recommandés. Kettly Mars déclare qu'elle va recevoir ce prix avec grand plaisir et beaucoup d'humilité. Selon elle, c'est la récompense de beaucoup de persévérance et de foi, même quand on ne sait pas trop vers où l'on va.
« Ce prix est peut être une étape dans ma carrière, mais pas dans ma vie d'écrivain. Rien ne va changer pour moi. J'ai juste envie de continuer d'écrire et d'être celle que je suis dans la simplicité. Ma famille et mes amis sont fiers de l'événement. Tout le monde est content», a-t-elle affirmé.
Le Grand Prix 2011 de la Fondation Prince Claus est décerné au magazine panafricain Chimurenga qui joue un rôle important dans la destruction des tabous sur le continent africain. La fondation rend également hommage à dix autres artistes, intellectuels, journalistes et organisations, notamment au Tibet/ Chine, au Zimbabwe et au Kazakhstan, pour leur engagement en faveur de la culture et du développement.
Le premier lauréat du Grand Prix reçoit 100 000 €. La remise de ce prix aura lieu le 14 décembre 2011 lors d'une cérémonie officielle au palais royal d'Amsterdam, en présence des présidents d'honneur de la fondation, SAR le prince Constantijn et SAR le prince Friso, et de membres de la famille royale. Les dix autres candidats reçoivent leur prix de 25 000 € des mains de l'ambassadeur des Pays-Bas dans leurs pays d'origine.
Ecrivain qui n'a pas peur des risques et qui bouscule les tabous, Kettly Mars offre des perspectives nouvelles sur les réalités contemporaines et une dynamique nuancée de la société haïtienne. Ses premiers écrits publiés, des poèmes sensuels et érotiques qui soulignent la centralité de la nature, le corps et la sexualité dans la vie humaine. La clarté et l'honnêteté avec laquelle elle aborde ces sujets sensibles transparaissent dans de nombreuses cultures et dans ses romans riches explorant les multiples intersections de classe, de race, de sexe, de spiritualité, de violence et de pouvoir. Bien que fermement ancrées dans les particularités d'Haïti, ses préoccupations sont universelles.
Kasale (2003), son premier roman, dépeint les impasses spirituelles expérimentées dans les luttes quotidiennes et ce que cela signifie d'être humain dans des circonstances plus difficiles.
 L'heure hybride (2005) explore l'homosexualité, l'amour d'un fils pour sa mère, son travail comme prostitué et l'attraction des impulsions contradictoires et conflictuelle intérieures.
Fado (2008) ressemble sans broncher à la vie des pauvres marginalisées, et les conditions hybrides qu'ils ont à négocier, à travers l'expérience d'une prostituée.
Sauvages Saisons (2010) est un examen de la vie sous le régime des Duvalier, l'imbrication du pouvoir et de la sexualité, et les conséquences humaines de la complexité sociale et les mécanismes de survie nécessaires dans des environnements autoritaires.
Ses personnages, qui souvent vont à l'encontre des normes sociales, soulevant des questions de ce qui est acceptable et pourquoi, sont vus d'un oeil compatissant.
Son plus récent roman, Le prince noir de Lillian Russel (2011), est un grand roman d'amour entre récit historique et polar politique.
La plume magnifique de Kettly Mars et le savoir-faire de l'historien économiste Leslie Péan se combinent pour donner un résultat à la hauteur de leur rencontre.
Elle écrit un roman qu'elle doit remettre dans le cadre de la Bourse Barbancourt. Il sortira donc l'an prochain à Livres en folie, pendant qu'elle continue à travailler sur une anthologie des femmes haïtiennes écrivains du 18e siècle à nos jours.
Ayant participé activement à des événements littéraires, Kettly Mars a écrit avec passion sur l'importance de la communauté et de la solidarité dans le contexte de l'après-séisme.
Bonel Auguste , Angie B. Joseph
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=97052&PubDate=2011-09-13