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mercredi 24 novembre 2010

Malgré le choléra, Haïti se prépare à élire un nouveau président dimanche

De Clarens RENOIS (AFP) – Il y a 5 heures PORT-AU-PRINCE — Quatre jours avant un scrutin présidentiel et législatif crucial pour Haïti, la campagne électorale continuait mercredi, sans que les appels au report des élections n'aient été entendus et malgré l'épidémie de choléra et les problèmes liés à l'insécurité.
Mercredi matin, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées dans le centre de Port-au-Prince pour manifester contre le président René Préval et son protégé, Jude Célestin, qui se présente sous la bannière d'Inité ("Unité" en français), le parti au pouvoir. Des drapeaux d'Inité ont été brûlés, mais la manifestation n'a pas dégénéré.
M. Célestin fait figure de grand favori aux côtés de Mirlande Manigat, 70 ans, éphémère Première dame d'Haïti en 1988 sous la présidence de son mari Leslie Manigat.
Les heurts qui ont entouré la campagne jusqu'à présent, conjugués à l'épidémie de choléra qui sévit depuis plus d'un mois, n'ont pas poussé les autorités à reporter le scrutin de dimanche, comme le souhaitaient quatre des 18 candidats.
Il "est important pour le pays" de maintenir les élections, a déclaré Mme Manigat dans un entretien à l'AFP. "Les Haïtiens (...) veulent le changement".
"Le choléra en lui-même ne devrait pas empêcher l'élection", d'autant, a-t-elle souligné, que "selon les épidémiologistes, nous n'avons pas encore atteint le pic de la maladie".
Mardi soir, l'ambassadeur américain en Haïti, Kenneth Merten, a joint sa voix à celles des partisans du maintien des scrutins, disant apporter "son soutien au droit des Haïtiens à participer à des élections libres, justes et transparentes le 28 novembre".
Lundi, les partisans de deux candidats se sont affrontés dans le sud-ouest du pays, faisant deux morts.
Le climat de violence menace la bonne tenue d'élections cruciales pour la stabilité d'un pays exsangue après le séisme du 12 janvier, qui a fait plus de 250.000 morts, et qui doit aujourd'hui affronter l'épidémie de choléra.
La maladie a fait jusqu'ici 1.415 morts et entraîné plus de 25.000 hospitalisations, selon le dernier bilan, communiqué mardi.
Selon Nigel Fisher, coordinateur de l'ONU pour Haïti, l'épidémie "se développe de plus en plus vite". Tant les Nations unies que l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) jugent que le cap des 200.000 cas pourrait être franchi dans trois mois.
Jon Andrus, directeur adjoint de l'OPS, pense même que ce nombre pourrait doubler pour atteindre 400.000 cas d'ici un an.
La maladie a suscité des manifestations violentes la semaine dernière, notamment à l'encontre des soldats népalais de la Mission des Nations unies pour la Stabilisation en Haïti (Minustah), accusés d'avoir importé la bactérie mortelle.
"Je ne dis pas que la Minustah est responsable. J'ai un doute", a dit à ce propos Mirlande Manigat. "Selon les informations qui ont filtré du ministère de la Santé, c'est prouvé", a-t-elle toutefois ajouté. "En même temps il est compréhensible que la Minustah n'accuse pas son bataillon".
L'aide internationale, décisive pour combattre la propagation de l'épimédie, continuait d'affluer mercredi.
La Banque mondiale a annoncé qu'elle préparait un don de 10 millions de dollars pour améliorer l'accès aux services de santé et à l'eau propre.
La France a de son côté annoncé mercredi l'envoi de moyens d'urgence à l'hôpital universitaire d'Etat de Port-au-Prince. L'aide comprend des médicaments, du matériel médical de soin, d'hygiène et de protection du personnel soignant.
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5i3ILcm-FE1aiZNp5HzoaLSu2tWyA?docId=CNG.79dd4e6b2027d90a422d3d33bc6019f9.4d1

Choléra à Haïti: Les rumeurs se propagent avant le scrutin présidentiel

Avant que ne soient accusés les soldats népalais de l'Onu d'avoir propagé le choléra, la première dame Élisabeth Préval était aussi cible de rumeurs. L'origine de l'épidémie est instrumentalisée à quelques jours du scrutin présidentiel.
En Haïti, les soldats de la Minustah sont accusés depuis le début de la semaine par la population d’avoir importé le choléra sur l’île. Mis en cause: le bataillon népalais qui réside près du fleuve Artibonite, foyer de l’épidémie, et qui y aurait vidangé ses fosses sceptiques. « C’est sur cette hypothèse que se basent beaucoup de compatriotes », insiste joint par StreetPress Clairsidor Martinez journaliste à la station Radio Solidaire pour justifier les émeutes contre l’Onu.

La femme du président Préval serait liée au développement du choléraLa rumeur en a remplacé une autre: la première dame Élisabeth Préval était accusée au début de la semaine d’être l’actionnaire majoritaire de la société chargée de l’assainissement des bases de la Minustah, la Sanco. Selon le site web d’information mexicain Ultima Palabra la Sanco de Mme Préval aurait signé un juteux contrat avec la Minustah en échange de l’évacuation de ses eaux usées. Mais l’entreprise aurait bâclé le travail conduisant à l’épidémie.
La nouvelle a été reprise par le quotidien le plus important du pays Le Nouvelliste , dans un article intitulé Haïti et la loi de l’Omerta daté du 17 novembre. Puis c’est le site Haitian Truth, reprenant le très sérieux Miami Herald Times, qui publiait des photos des camions de Sanco déversant leur vidange dans le fleuve Artibonite , propageant ainsi la rumeur.
Des informations erronées reprises par des sites d’informationProblème: la reprise du Miami Herald Tribune sur Haitian-Truth était un faux. Le journal américain dément les informations publiées dans un article du 19 novembre et accuse le site haïtien d’avoir falsifié la photo et la légende de l’article original. Dans le faux, on pouvait lire: « Le camion de la Sanco – appartenant à Elisabeth Préval et Jude Celestin – déverse les excréments des soldats népalais de la Minustah dans la rivière Artibonite, foyer de l’épidémie de choléra. »
Le 19 novembre c’était autour du Nouvelliste de s’excuser dans l’article Aucun lien entre Elisabeth Préval et la Sanco S.A pour les informations diffusées deux jours plus tôt . La journaliste Nancy Roc expliquait « après vérification » avoir utilisé « les allégations du journal mexicain qui n’étaient étayées d’aucune preuve et ne citaient aucune source. »
Aucun mea culpa par contre sur les sites controversés Ultima Palabra – dont l’auteur de l’article en question est anonyme – et Haïtian Thruth – qui dénigre en permanence Réné Préval et son dauphin Jude Célestin dans ses articles .
La Sanco et Mme Préval obligés de s’expliquer dans la presseMalgré les démentis rapides, la rumeur a quand même eu le temps de trouver écho auprès de la population haïtienne au point qu’un des responsables de la Sanco a dû s’expliquer sur Radio Caraïbe, la principale station du pays. La femme du président Préval est aussi montée au créneau dans le Nouvelliste « niant toute connaissance des propriétaires et responsables de la Sanco ». Marguerite Léonie Jean-Louis, la vice-présidente Sanco, affirmait quant à elle « n’avoir rien à voir avec madame Préval » dans un communiqué.
Des rumeurs qui servent des intérêts« Haïti est un pays de rumeur et se construit avec les rumeurs », explique Marie-Hermine de Montangon qui travaille sur place pour l’ONG Bibliothèques Sans Frontières . Elle critique l’attitude de la presse locale: « Le lundi, ils vont dire quelque chose et le vendredi tout le contraire ! ».
Aujourd’hui la rumeur de l’implication des soldats népalais de la Minustah ne fait pas de doutes pour une grande majorité de la population. « On ne croit pas à la thèse d’une rumeur ! C’est un fait ! » insiste au téléphone Clairsidor Martinez, le journaliste de Radio Solidaire. Il ajoute que même « le ministre de la Santé a parlé de maladies importées ». Son ami le journaliste Michel Legrand analyse: « L’enjeu c’est la tenue des élections. La crise du choléra vient mettre en difficulté ce gouvernement qui veut assurer à tout prix une transition avec Celestin.(…) Les leaders politiques d’opposition, en demandant une action en justice contre les responsables, espèrent un report du scrutin »
http://www.streetpress.com/sujet/1262-cholera-a-haiti-les-rumeurs-se-propagent-avant-le-scrutin-presidentiel