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samedi 30 août 2008

Michèle Pierre-Louis, contre vents et marrées !

Michèle Duvivier Pierre-Louis a franchi, vendredi, l'avant dernière étape nécessaire à son installation à la Villa d'accueil. Sa déclaration de politique générale a été votée par une majorité écrasante de députés. Avec 70 voix contre 1 (et 8 abstentions), elle a franchi un troisième écueil, mais demeure sous la pression de l'OPL.
Après de longues heures d'attentes au salon diplomatique du Palais législatif, Michèle Pierre-Louis est arrivée quelque peu éreintée à la salle de séance de la Chambre des députés où elle a présenté la déclaration de politique générale de son gouvernement. D'entrée de jeu, le Premier ministre ratifié a implicitement relaté les embûches tendues sur sa longue marche vers la Villa d'accueil. « Quand le gouvernement est installé, du moins s'il sera installé, nous allons apporter assistance aux victimes de l'ouragan Gustav », dit-elle d'un un ton calme et le visage serein.
Alors qu'elle attendait au salon diplomatique, les députés de l'Organisation du peuple en lutte (OPL) aidés par quelques alliés jouaient au trouble-fête. « La recevabilité ou l'irrecevabilité de l'arrêté présidentiel nommant les ministres choisis par le président René Préval de concert avec la Premier ministre ratifié doit être introduit dans l'ordre du jour », a juré Jean-Acklush Louis-Jeune, député élu sous la bannière de l'OPL. Tenace, le représentant de Dame-Marie au Parlement va jusqu'à faire une proposition qui a été sanctionné par l'assemblée. Quarante-quatre de ses collègues, en majorité, issus de la Concertation des parlementaires progressistes (CPP) ont refusé la proposition et écarté même le débat sur la constitutionnalité de l'arrêtée nommant les ministres de l'éventuelle administration Préval/Pierre-Louis.

« Il faut faire le débat. Le coup nous a dérangé - Ndlr : c'est une insulte au Parlement - », a renchéri Frantz Robert Mondé, député de la Fusion des sociaux démocrates. Social démocrate, lui aussi, son collègue Saurel Jacinthe a renchéri : « c'est très grave si nous refusons de discuter le droit de notre existence. » Avoué vaincu, le bloc OPL a filé un nouveau pion. Un huis clos stratégique a été arraché par des parlementaires aux aguets depuis une certaine velléité de l'Exécutif de procéder à l'installation des ministres de l'équipe Pierre-Louis avant même de défendre sa politique générale.

Le huis clos de quinze minutes a durée près de deux heures. Le calme revenu, Mme Pierre-Louis a pris tout son temps pour défendre sa déclaration de politique générale. Le temps aussi pour Mme Pierre-Louis de couper court aux rumeurs relatives à l'installation de son gouvernement. Elle a dévoilé dans l'énoncé de la déclaration de politique générale les grandes de l'action gouvernementale visant à améliorer les conditions de vie de la population haïtienne. Le document est divisé en plusieurs sections notamment la relance de l'économie, les priorités, les politiques transversales, la réforme de l'Etat et les urgences.

Dans le chapitre des priorités, l'économiste Pierre-Louis place les piliers de la croissance: la production nationale, les infrastructures routières, la protection de l'environnement et de la biodiversité et le secteur touristique. Alors que la section intitulée « Politiques transversales », contient les points suivants : aménagement du territoire et politique régionale, la politique de la ville, politique pour les jeunes, la protection sociale, la politique d'égalité des sexes et la communication publique. Dans le chapitre des urgences, on retrouve la rentrée scolaire, la sécurité alimentaire, la création d'emplois et les élections.

Jean-Pharès Jérôme
pjerome@lenouvelliste.com
Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=61628&PubDate=2008-08-29

Le bilan s'alourdit...Après le passage de Gustav

L'ouragan Gustav, qui a balayé plusieurs départements du pays mardi et mercredi, faisant 66 morts, 7 disparus et 25 blessés ainsi que des dégâts matériels considérables, selon un nouveau bilan provisoire de la direction de la protection civile, met le cap sur la Jamaïque. Le Sud-Est demeure le département le plus touché d'Haïti.

Trois départements ont fait les frais du passage de l'ouragan Gustav. Sur tout le territoire, selon la directrice du bureau de la protection civile, Alta Jean Baptiste, 3.478 familles sont sinistrées, 8.082 personnes ont été placées dans des abris provisoires, 1.283 maisons sont complètement détruites et 2195 autres endommagées. N'étant pas en mesure de donner des chiffres approximatifs des dégâts, la responsable a promis 500,000 gourdes additionnelles aux communes les plus touchées. L'évaluation des dégâts continue, a-t-elle ajouté.

Le Sud-Est a hérité la plus lourde part des dégâts de l'ouragan avec 25 morts, 1 disparus, 12 blessés, 1293 familles sinistrées, 2080 personnes placées dans des abris provisoires, 443 maisons détruites et 804 autres endommagées. Vient ensuite, le département de l'Ouest avec 18 morts, 3 disparus et 3 blessés. Dans ce même département de plus de trois millions d'habitants, 1104 familles sont sinistrées, 3510 personnes sont placées dans des abris provisoires. Le dernier bilan en date de la direction de la protection civile fait état de 584 maisons détruites et 520 autres endommagées pour le département de l'Ouest.

Avec 13 morts, 1 disparus et 10 blessés, les Nippes constituent le troisième département à être le plus secoué par l'ouragan Gustav. 451 familles y sont sinistrées, 498 personnes placées dans des abris provisoires, 86 maisons détruites et 365 autres endommagées. Le député de Anse-à-Veau, Frantz Robert Mondé a confirmé, pour sa part, la mort de 12 personnes dans sa circonscription et la destruction de plusieurs maisons.

Un bilan contesté

Le directeur général de la radio Universel à Petit-Goâve, Guyto Matthieu, pense que le bilan provisoire de la direction de la protection civile ne tient pas compte des dégâts causés par le passage de l'ouragan Gustav dans la commune de Petit-Goâve. Selon lui, seulement dans sa commune, 11 personnes seraient tuées, 20 maisons détruites, 50 autres endommagées et plus de deux cents personnes sont placées dans des abris provisoires.
Tout en critiquant l'absence d'agent de la protection civile à Petit- Goâve, le directeur général de la radio Universel réclame en urgence l'intervention des autorités en faveur des sinistrés. « Nous ne recevons jusqu'à date aucune aide de la protection civile pour les sinistrés, les personnes placées dans des abris provisoires ont tout perdu, la ville est dévastée », s'en plaint Guyto Matthieu.

Comme à Petit-Goâve, d'autres voix dans d'autres régions se sont élevées pour contester le bilan du bureau de la protection civile. A La Vallée de Jacmel et aux Côtes-de-fer, des habitants parlent de dégâts considérables. « Il ne nous reste plus rien à La Vallée, nos jardins ont été détruits par le vent », se désole un habitant.
Hanna nous arrive
Alors qu'on ne finit pas encore d'évaluer les dégâts de l'ouragan Gustav, un cyclone du nom de Hanna se trouve à seulement 7 jours d'Haïti, selon les prévisions météorologiques. Haïti a été jusqu'ici le plus touché par Gustav qui a fait au moins 68 morts dans les Caraïbes et menace la Jamaïque et Cuba. Elle pourrait, selon les météorologues américains, se transformer à nouveau en ouragan et frapper à partir de lundi la Nouvelle-Orléans et le golfe du Mexique.

Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouvelliste.com

http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=61622&PubDate=2008-08-29

L'école nationale Carius Lhérisson, une source d'éternelle angoisse

Vieille de 54 ans, l'école nationale Carius Lhérisson est une menace pour ceux qui le fréquentent. En dépit des appels répétés des responsables de cet établissement qui réclament la réhabilitation de ce local, le ministère de l'Education nationale fait toujours la sourde oreille.
L'année dernière un mur de l'école nationale Carius Lhérisson s'est effondré sur deux écoliers de cet établissement vieux de 54 ans. Cet effondrement a coûté à chacun d'eux une fracture à la jambe. « Est-ce que l'Etat attendra que cette école en ruine enregistre d'autres victimes avant d'intervenir? », fulmine Jean-Yves Bateau, l'un des censeurs travaillant depuis tantôt 15 ans dans cette école publique.
« J'ai une grande inquiétude. Je me demande dans quel espace nous allons recevoir les élèves et le personnel, cette année ? Voyez-vous, le local est une menace pour ceux qui le fréquentent », fait remarquer un autre censeur, Mme Telascé Renette Pélagie. Au service de cette institution depuis 16 ans, elle ne cesse de s'inquiéter pour le toit vermoulu où s'accrochent des tôles noircies battues par les vents. « Depi lapli tonbe lekòl la lage », se désole-t-elle.
Construit en 1954, le bâtiment qui abrite l'école semble avoir été conçu pour une usine de fabrication. Avec ses cheminées qui pointent leur gueule noire dans l'air et des paquets de bois hachés, empilés sur la cour, des salles de classe mal aérées, le lieu n'est pas propice à l'enseignement.S'il n'y avait pas une petite enseigne indiquant une école à l'entrée de l'Impasse Durand de Fontamara 27, on pourrait douter que ce bâtiment est un espace où l'on enseigne.
Un espace non approprié pour enseignerLa façade de l'école, avec ses murs blanchis, ses barbelés rouillés et sa barrière roulante, présente l'aspect hideux d'un espace ouvert à tous les vents.Une partie du toit de l'établissement qui découpe la façade est formée de tôles noircies soutenues par des poutres fissurées. Ces poutres pliées, affaissées, cassées n'ont pas résisté aux intempéries.En dépit de ce local en ruine qui demeure pour les responsables de l'école une source d'éternelle angoisse, d'autres problèmes s'ajoutent à leur médiocre condition de travail.
« Les professeurs n'ont pas de bureau pour travailler. Ce sont leurs jambes qui les servent de bureau ! » dit le préfet de discipline qui ne ménage pas ses mots : « Nos professeurs retournent toujours chez eux avec leurs habits sales parce que cet espace n'est ni propre, ni approprié pour enseigner. »L'état pitoyable dans lequel se trouvent certaines écoles publiques de la zone métropolitaine fait souvent penser à un laxisme effréné dans le milieu éducationnel. La situation alarmante de l'école nationale Carius Lhérisson est un cas parmi les autres. Avant la rentrée des classes, une intervention urgente ne s'impose-t-elle pas?
Géralda Sainville

sainvilleg@yahoo.fr
http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=61194&PubDate=2008-08-29

HRV Commente :
Pourtant il est si facile de voir ce qui ne va pas ; aisé de réaliser ce qu’il faut faire. Tous les jours quelqu’un rentre en rébellion contre la fatalité et nous met devant nos irresponsabilités.
On a souvent tendance à aller de plus en plus loin possible pour détecter depuis quand on a pris malgré nous, le bâton de l’incertitude et la bible de l’incrédulité dans les bagages, le chemin facile de la déchéance. Certains iront jusqu’au lendemain du premier janvier 1804.
Cependant peu importe le contexte géopolitique, peu importe l’idéologie à la mode on a du mal à comprendre pourquoi peu de démarches ont été entreprises pour conserver ce qui existait.
Pour ceux-là qui considèrent toujours le départ de Jean Claude Duvalier comme le point de départ des acquis de 1986 auront du mal à prouver exactement ce qui a changé depuis.
Oui on dira toujours que nous pouvons au moins faire nos premiers pas dans la démocratie. Mais à quoi sert cette démocratie dans la mentalité qui veut allier pouvoir et autorité si ce n’est que pour alimenter des conflits interminables ?

Pourquoi après 22 ans nous ne disposons pas davantage de routes de bonne qualité, plus d’écoles dignes de ce nom ?
L’école Nationale Carius Lhérisson, un exemple noir sur blanc de notre déchéance.
Nous qui sommes nés quelques années après l’arrivée de François Duvalier au pouvoir, nous qui déambulions en pantalons courts quand il s’est fait proclamer à Président à vie, nous qui habitions la région de Fontamara, nous savons ce qu’à été l’école nationale Carius Lhérisson.
A l’époque cette école était dirigée par une certaine Madame ROI. L’école catégoriquement portait son nom. On disait qu’on fréquentait l’école de Madame Roi que le Carius Lhérisson.
Si ma mémoire est bonne les filles portaient une jupe bleue marine et une chemise blanche, les garçons s’habillaient de kaki.
Il existait une vraie et saine rivalité entre le Carius Lhérisson et l’institution Mixte Cœur de Jésus dirigée par Monsieur Victor D J Barolette. Le langage colloquial ramenait l’institution Mixte Cœur de Jésus à Chez Barolette
Souvent les élèves des deux institutions protagonisaient des escarmouches sans grands incidents. Les uns agaçaient les autres en proférant de slogans bidons mais qui chez des adolescents étaient capable de faire monter la mayonnaise.
Un « barolette volor lèt » d’un côté contre un « Carius Lhérison volor kalmason » suffisaient pour ameuter le groupe de ceux qui ont les têtes les plus chaudes.
C’est écœurant de voir et de faire le constat de nos échecs et de nos rendez-vous manqués.
Nos écoles nationales assurant l’éducation du peuple a été méprisé par l’apôtre du peuple haïtien.
C’est dommage car les gens continuent à ne pas comprendre que le faciès de « papa bon cœur » que vendent les dirigeants politiques ne doivent pas les exonérer de leurs responsabilités.
Les porteurs de vraies convictions et de programmes viables sont aujourd’hui les messies que l’on voudrait voir arriver entre les étoiles du ciel haïtien

Manière de voir le peintre Frantz Zéphirin

Le peintre Frantz Zéphirin est né le 17 décembre 1968. Il s'est mis à peindre dès sa prime enfance. Il a déjà peint plus de 10000 toiles. Il accepte d'expliquer son parcours aux lecteurs de Le Nouvelliste.
Le Nouvelliste (L.N) : Frantz Zéphirin, vous avez déjà signé comme peintre avant environ 12000 toiles, au fond, comment vous vous questionnez comme plasticien ?

Frantz Zéphyrin (F.Z): Ma vie c'est la peinture. Je peins comme je respire ou comme je bois. Ma passion, c'est de boire une bonne bière et de peindre jusqu'au petit matin. Je faisais aussi de la sculpture dans le temps, mais mes sculptures sont jusqu'ici étrangères à mon goût et elles sont peu connues du grand public. Concernant la peinture, je pense que je suis à la hauteur de mes espérances. J'utilise le pinceau dès l'âge de 7ans.
L.N : Parlez-nous de votre parcours de peintre obsédé par la gloire et possédé presque par le travail fini.
F.Z :J'ai commencé à peindre dans l'Atelier d'Antoine Obin au Cap-Haïtien. J'ai d'abord dans l'Ecole du Cap, ensuite, arrivé à Port-au-Prince dès le 28 novembre 1983, j'ai essayé de proposer et de vendre mes oeuvres à plusieurs galeries d'art de Port-au-Prince.
Ces galeries m'ont répondu que ça ressemble trop à l'Ecole du Cap. Pris de colère et de déception, j'ai décidé de peindre surtout des animaux. On sait qu 'à l'intérieur de chaque humain réside un animal, et ça a marché; le style Zéphirin est ainsi créé.
L.N :Votre bestiaire étonne les admirateurs de vos toiles grouillantes d'animaux... Vos jungles modernes servent à quoi,en fait ?
F.Z : Je pense qu'à travers le comportement de chaque personne, on peut entrevoir un animal, et pour faire allusion au fabuliste Jean de Lafontaine, je dirais qu'il y a des animaux qui sont serviables, d'autres rapaces. Un tel tableau nous ramène à la basse condition humaine.
Heureusement que le genre humain se constitue aussi d'espèces conviviales, voire fraternelles. Pour parodier l'autre, il y aura toujours une lutte entre les bons et les méchants.
L.N : L'obtention des prix compte beaucoup pour vous, ces récompenses vous ont permis de voyager, d'asseoir votre art, hein ?
F.Z : J'ai reçu la médaille d'or à la Biennale des Caraïbes et d'Amérique centrale en 1996 et j'ai participé à beaucoup d'expositions à travers le monde.
Je suis devenu un ambassadeur de l'art haïtien à travers l'Amérique latine. Je suis un grand travailleur et un battant.
Je ne suis pas totalement satisfait du travail que j'ai accompli, car je suis très exigeant. Je voudrais faire mieux et j'ai la capacité intérieure de casser la baraque. Je veux être l'un des plus grands artistes haïtiens de tous les temps.

Propos recueillis par:
Dominique Batraville